“Je veux le nez de Bella Hadid, la bouche de Kylie Jenner, et le teint parfait d’un filtre Instagram.”
Cette phrase, que l’on pourrait croire sortie d’un sketch, est en réalité devenue fréquente dans les cabinets de médecine esthétique. Le syndrome selfie, ou plus précisément la “dysmorphophobie induite par les réseaux sociaux”, touche aujourd’hui une proportion croissante de jeunes.
Derrière chaque demande de transformation esthétique, il y a parfois un profond mal-être, renforcé par des standards de beauté numériques déconnectés de la réalité.
L’omniprésence de selfies, de filtres et de retouches modifie la manière dont les jeunes perçoivent leur image. Sur Instagram, TikTok ou Snapchat, les visages sont lissés, les traits harmonisés, les imperfections gommées.
Ce phénomène entraîne une distorsion cognitive : l’individu s’habitue à sa version “améliorée” et rejette de plus en plus son apparence naturelle.
Le syndrome selfie n’est pas simplement une tendance. C’est une véritable pression sociale, entretenue par les likes, les commentaires, et les algorithmes.
L’objectif n’est plus seulement de se montrer, mais de plaire, de correspondre aux codes en vigueur… quitte à renier son identité.
La dysmorphophobie est un trouble psychologique caractérisé par une obsession excessive pour un ou plusieurs défauts corporels, souvent imaginaires ou exagérés.
Chez les jeunes utilisateurs de réseaux sociaux, ce trouble est en forte augmentation, notamment sous une forme appelée “dysmorphophobie Snapchat”.
Les médecins esthétiques voient apparaître des demandes spécifiques : un visage “symétrique”, des lèvres pulpeuses, un nez “droit comme sur les filtres”.
Ces demandes ne sont plus motivées par une gêne personnelle réelle, mais par une comparaison constante à des standards virtuels.
La dermorexie n’est pas encore officiellement reconnue comme une pathologie médicale, mais elle suscite un intérêt croissant dans le domaine de la dermatologie et de la santé mentale. Ce terme, issu de derme (peau) et -rexie (trouble), a été popularisé par la journaliste américaine Jessica DeFino.
Il désigne un trouble obsessionnel, proche des TOCs (troubles obsessionnels compulsifs), caractérisé par une quête excessive de perfection cutanée. Les personnes touchées, souvent influencées par les réseaux sociaux et l’abondance de contenus sur les soins esthétiques, multiplient les traitements pour obtenir une peau jugée “parfaite” et sans imperfection.
Cette recherche effrénée peut malheureusement entraîner des complications cutanées : dermites, irritations, acné, brûlures… Au-delà des conséquences physiques, la dermorexie peut évoluer vers une anxiété importante et un isolement social.
Le trouble touche particulièrement les adolescents et jeunes adultes, ce qui rend essentielle la prévention : information, accompagnement psychologique et, si nécessaire, prise en charge médicale adaptée.
Face à une demande esthétique, le rôle du praticien ne se limite pas à l’acte technique. Il est fondamental d’écouter les motivations profondes du patient, d’évaluer la cohérence de la demande, et parfois… de dire non.
Un praticien éthique doit pouvoir identifier un trouble dysmorphophobique et orienter, si besoin, vers un soutien psychologique.
Il est possible d’accompagner une personne en souffrance tout en évitant de renforcer ses complexes.
Un protocole de soins doit être individualisé, réaliste, et accompagné d’une éducation à l’image de soi.
L’objectif ? Restaurer une relation saine au corps et à l’estime de soi.
Informer les jeunes sur les mécanismes de retouche numérique est essentiel :
Applis de modification faciale,
Filtres intégrés aux réseaux,
Publicités trompeuses.
Ces outils créent un idéal inatteignable, source de frustrations.
En tant que société, il est urgent de promouvoir des représentations réalistes et inclusives de la beauté. Cela commence à l’école, dans les médias, et aussi dans les cabinets médicaux.
Un visage imparfait peut être profondément beau. Un sourire naturel, mille fois plus touchant qu’un selfie filtré.
Le syndrome selfie n’est pas un effet de mode. C’est un signal d’alerte sur la manière dont les jeunes se construisent face à l’image. La médecine esthétique peut accompagner, mais elle ne doit jamais céder à des standards artificiels.
Mieux se connaître, mieux s’accepter, c’est la véritable beauté. Et cela commence par un regard sans filtre.
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